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    Près du pont de Trika une blonde chantait

    et sa chanson était sombre et plaintive

    si triste sa chanson si triste son refrain

    que le pont s'est fendu que l'eau s'est arrêtée

    et que l'esprit du pont a sauté sur la rive

    Un passant crie du haut de la colline

    - Change de ton ma fille chante une autre chanson

    que l'eau coule à nouveau que le pont se rassemble

    et que l'esprit du pont s'en retourne chez lui

    - Comment changer de ton et de chanson

    Car c'est un chant de deuil que je chante aujourd'hui

    j'ai au cœur un chagrin que rien ne peut guérir

    J'ai perdu, père et mère mes neuf  frères à la guerre

    mon bien-aimé dans son lit est malade

    Comment trouver les remèdes qu'il veut

    lait de chèvre sauvage et fromage de lièvre

    Le temps que je parcoure les plaines les montagnes

    pour attraper le lièvre et la chèvre sauvage

    et construire un enclos et fasse du fromage

    mon bien-aimé a pris pour belle-mère

    la pierre du tombeau et pour femme la terre

     

    Chants populaires grecs

     

     

    Chant ****

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


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    Sa lèvre j'ai baisé teignant ma lèvre en rouge

    mon mouchoir l'a frottée elle a teint mon mouchoir

    au ruisseau l'ai lavé il a teint le ruisseau

    le ruisseau la rivière ont teint toute la mer

    L'aigle est descendu boire et la mer teint ses ailes

    le soleil à moitié la lune toute entière

     

     

    Chant ***

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


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    Je passais sans un mot la fille me salue

    - Où vas-tu donc escroc qui vole les baisers

    - Mais si je suis escroc qui vole les baisers

    pourquoi m'as tu donné ta bouche à embrasser

    - Si moi je t'ai donné ma bouche à embrasser

    c'était la nuit Qui a bien pu nous voir?

    - L'étoile du matin qui brille a pu nous voir

    l'étoile est descendue pour le dire à la mer

    et la mer à la rame et la rame au marin

    et le marin l'a répété au monde entier

     

     

    Chant **

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


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    Toi fleur de citronnier moi neige je fondrais

    pour abreuver ton arbre où il fait frais

     

     

    Chant

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


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    On ne sait trop si c'est au fond de nous que cette lente fin du jour  s'achève,

    en inutile blessure, ou bien si notre existence n'est qu'un leurre parmi

    de vagues pénombres, où règne seulement un vaste silence, sans vol de canards

    sauvages descendant sur des lacs hérissés de roseaux aux hampes languissantes.

    On ne sait rien, et il ne nous reste aucun souvenir des histoires de notre enfance

    - telles des algues -, tandis que déjà s'annonce la caresse des ciels futurs,

    brise où l'imprécision s'ouvre lentement sur les étoiles.

     

    F.Pessoa

     

     

    Confins

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


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    Je pénètre dans la montagne. Une porte de pierre

    lentement se referme. Songe, pensée et passerelle me

      soulèvent.

    Oeil bleu des lacs! Hauteur du temps!

    Le renard d'or glapit dans les fougères.

     

    Des fauves plus sages me lèchent les mains: étranges,

    le regard aveugle, ils se coulent ensorcelés.

    Bourdonnantes, les abeilles traversent le sommeil des

      cristaux,

    les abeilles de la mort, et les années. Les années.

     

    L.Blaga

     

    Montagne ensorcelée

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


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    Comment sera ce vol du retour,

    dont seules rendent compte les comparaisons,

    telles que sanctuaire, autel, 

    poignée de main, retour, embrassement,

    table mise sous les arbres dans l'herbe,

    où nul convive n'est premier ni dernier,

    enfin comment sera-t-elle cette chute ascendante,

    ailes déployées dans le nid commun

    du foyer en flammes ? - je ne sais,

    et pourtant si, je sais quelque chose,

    je sais cela, ce couloir brûlant,

    ce labyrinthe en flèche dans lequel

    de plus en plus compact, de plus en plus libre

    est le fait que nous volons.

     

    J.Pilinszky

     

     

    labyrinthe droit

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


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    simple c'est-à-dire à la fois un et infini,

    a senti tomber en soi la pierre d'un cri

    alors il a ouvert les yeux

     

     

    littoral intérieur

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    littoral intérieur

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    littoral intérieur

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


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    Serre - le contre toi - Peu importe qui,

    peu importe quoi, plus tard

    de toute façon tu le repousseras.

     

    Tu le repousseras de toute façon pour ensuite

    embrasser n'importe qui, n'importe quoi,

    monstre amphibie, consommant

    le degré de ta chute.

     

    J.Pilinszky

     

     

    Serre - le contre toi

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


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    je monte sur une jambe, je te dis : où tu passes? je te serre

    très fort contre moi - j'ai peur que tout cela ne se réduise à

    rien, peur d'être réduit à rien. si tu n'es pas morte pourquoi

    m'aspires - tu dans ta mort ?

     

     

    littoral intérieur

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


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