-
Par Camille Couturier le 30 Juillet 2015 à 09:34
Près du pont de Trika une blonde chantait
et sa chanson était sombre et plaintive
si triste sa chanson si triste son refrain
que le pont s'est fendu que l'eau s'est arrêtée
et que l'esprit du pont a sauté sur la rive
Un passant crie du haut de la colline
- Change de ton ma fille chante une autre chanson
que l'eau coule à nouveau que le pont se rassemble
et que l'esprit du pont s'en retourne chez lui
- Comment changer de ton et de chanson
Car c'est un chant de deuil que je chante aujourd'hui
j'ai au cœur un chagrin que rien ne peut guérir
J'ai perdu, père et mère mes neuf frères à la guerre
mon bien-aimé dans son lit est malade
Comment trouver les remèdes qu'il veut
lait de chèvre sauvage et fromage de lièvre
Le temps que je parcoure les plaines les montagnes
pour attraper le lièvre et la chèvre sauvage
et construire un enclos et fasse du fromage
mon bien-aimé a pris pour belle-mère
la pierre du tombeau et pour femme la terre
Chants populaires grecs
votre commentaire -
Par Camille Couturier le 29 Juillet 2015 à 08:20
Sa lèvre j'ai baisé teignant ma lèvre en rouge
mon mouchoir l'a frottée elle a teint mon mouchoir
au ruisseau l'ai lavé il a teint le ruisseau
le ruisseau la rivière ont teint toute la mer
L'aigle est descendu boire et la mer teint ses ailes
le soleil à moitié la lune toute entière
votre commentaire -
Par Camille Couturier le 28 Juillet 2015 à 08:01
Je passais sans un mot la fille me salue
- Où vas-tu donc escroc qui vole les baisers
- Mais si je suis escroc qui vole les baisers
pourquoi m'as tu donné ta bouche à embrasser
- Si moi je t'ai donné ma bouche à embrasser
c'était la nuit Qui a bien pu nous voir?
- L'étoile du matin qui brille a pu nous voir
l'étoile est descendue pour le dire à la mer
et la mer à la rame et la rame au marin
et le marin l'a répété au monde entier
votre commentaire -
Par Camille Couturier le 27 Juillet 2015 à 11:27
Toi fleur de citronnier moi neige je fondrais
pour abreuver ton arbre où il fait frais
votre commentaire -
Par Camille Couturier le 25 Juillet 2015 à 13:13
On ne sait trop si c'est au fond de nous que cette lente fin du jour s'achève,
en inutile blessure, ou bien si notre existence n'est qu'un leurre parmi
de vagues pénombres, où règne seulement un vaste silence, sans vol de canards
sauvages descendant sur des lacs hérissés de roseaux aux hampes languissantes.
On ne sait rien, et il ne nous reste aucun souvenir des histoires de notre enfance
- telles des algues -, tandis que déjà s'annonce la caresse des ciels futurs,
brise où l'imprécision s'ouvre lentement sur les étoiles.
F.Pessoa
votre commentaire -
Par Camille Couturier le 23 Juillet 2015 à 13:09
Je pénètre dans la montagne. Une porte de pierre
lentement se referme. Songe, pensée et passerelle me
soulèvent.
Oeil bleu des lacs! Hauteur du temps!
Le renard d'or glapit dans les fougères.
Des fauves plus sages me lèchent les mains: étranges,
le regard aveugle, ils se coulent ensorcelés.
Bourdonnantes, les abeilles traversent le sommeil des
cristaux,
les abeilles de la mort, et les années. Les années.
L.Blaga
votre commentaire -
Par Camille Couturier le 21 Juillet 2015 à 10:34
Comment sera ce vol du retour,
dont seules rendent compte les comparaisons,
telles que sanctuaire, autel,
poignée de main, retour, embrassement,
table mise sous les arbres dans l'herbe,
où nul convive n'est premier ni dernier,
enfin comment sera-t-elle cette chute ascendante,
ailes déployées dans le nid commun
du foyer en flammes ? - je ne sais,
et pourtant si, je sais quelque chose,
je sais cela, ce couloir brûlant,
ce labyrinthe en flèche dans lequel
de plus en plus compact, de plus en plus libre
est le fait que nous volons.
J.Pilinszky
votre commentaire -
Par Camille Couturier le 19 Juillet 2015 à 10:15
simple c'est-à-dire à la fois un et infini,
a senti tomber en soi la pierre d'un cri
alors il a ouvert les yeux
votre commentaire -
Par Camille Couturier le 17 Juillet 2015 à 09:14
Serre - le contre toi - Peu importe qui,
peu importe quoi, plus tard
de toute façon tu le repousseras.
Tu le repousseras de toute façon pour ensuite
embrasser n'importe qui, n'importe quoi,
monstre amphibie, consommant
le degré de ta chute.
J.Pilinszky
votre commentaire -
Par Camille Couturier le 15 Juillet 2015 à 07:54
je monte sur une jambe, je te dis : où tu passes? je te serre
très fort contre moi - j'ai peur que tout cela ne se réduise à
rien, peur d'être réduit à rien. si tu n'es pas morte pourquoi
m'aspires - tu dans ta mort ?
votre commentaire