Elle s'arrêta, pliant et repliant les feuilles de papier, puis continua son

chemin en jetant des coups d’œil furtifs et peureux vers les stalles vides.

Elle traversa la grange d'un bout à l'autre. Le bâtiment ouvrait par-derrière

sur un massif de daturas, une sauvage floraison blanche et mauve. Temple

continua de marcher, de nouveau en plein soleil, et s'engagea parmi les

hautes herbes. Alors, elle se mit à courir. Ses pieds semblaient à peine

toucher la terre, les herbes la fouillaient de leurs grandes fleurs visqueuses

et malodorantes. Elle se baissa, passa d'une torsion de reins sous une clôture

de fils de fer rouillés et détendus, et descendit en courant la pente boisée de

 la colline.

W.Faulkner

Incendies 

quelques unes des encres de l'exposition Silence et drames

à la galerie In Situ à Nogent-le-Rotrou du 7 au 28 nov 2015

www.labelfriche.com

 L’œil du serpent

 La source

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Rive

Il s'engagea sans bruit dans l'allée. Dès la grille lui parvint l'odeur du

chèvrefeuille. La maison était obscure, silencieuse, comme une épave

abandonnée dans l'espace par le reflux de tous les temps. Le bruissement

des insectes n'était plus qu'un son bas, monotone, exténué, partout,

nulle part, comme l'agonie chimique d'un monde laissé nu et mourant

à la limite du fluide où il vivait et respirait.Il ouvrit la porte, entra à

tâtons dans la pièce, chercha le commutateur. La voix de la nuit - les

insectes et tout le reste – l'avait suivi dans la maison; il s'avisa soudain

que c'était le frottement de la terre sur son axe, à l'approche de ce moment

où elle doit décider si elle va continuer de tourner ou s'arrêter à tout jamais,

globe immobile dans l'espace glacé où le parfum dense du chèvrefeuille

se tordait comme une fumée froide.

W.Faulkner, extrait de Sanctuaire

nous sommes un, un si divergeant...

il n'y a aucune chance, alors qu'il n'y a

aucune chance - il faut voir au-delà de la mort

évidemment il est essentiel que tout se passe à notre insu,

que les vérités ne soient que pressenties et les promesses

vagues, afin de préserver en nous la possibilité de l'orgasme,

de la conjonction en un éclair de temps de l'immanent et du

transcendant