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assez longtemps
Une pluie fine tombait par intervalles, mais il ne remarquait même
pas qu'il pleuvait. Il ne remarqua pas non plus qu'il avait jeté son
sac derrière son épaule et que sa marche s'en était trouvée facilitée.
Il avait probablement fait une verste ou une verste et demie, quand
soudain il s'arrêta et regarda autour de lui. La route noire, creusée
d'ornières et bordée d'aulnes, s'allongeait à l'infini devant lui; à
droite, s'étendaient des champs nus, moissonnés depuis longtemps;
à la gauche, des taillis, et plus loin un bois. Et là-bas, là-bas à peine
visible, la ligne du chemin de fer marquée par la fumée d'un train dont
on ne percevait d'ailleurs pas le bruit. Stépane Trophimovitch eut un
peu peur, mais la durée d'un instant seulement. Il soupira machina-
-lement, déposa son sac à terre et s'assit pour se reposer un peu. En
s'asseyant il sentit un frisson et s’enveloppa étroitement dans son
plaid; s'étant aussi aperçu qu'il pleuvait, il ouvrit son parapluie.
Il resta ainsi assez longtemps remuant de temps à autre les lèvres
et serrant bien fort le manche du parapluie.
F.Dostoievski
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