• Le départ du fils prodigue

     

     

     

     

    Quitter à présent toutes ces choses confuses
    tout ce que nous possédons et qui pourtant ne nous appartient pas,
    ce qui telle l’eau des vieilles fontaines
    nous reflète en tremblant et décompose notre image ;
    toutes ces choses qui telles des plantes armées d’épines
    s’accrochent à nous une dernière fois, – ne pas s’arrêter,
    et ceci et celui-là
    que l’on ne voyait plus
    (tant ils étaient quotidiens et ordinaires)
    les regarder tout à coup en face et de près ;
    d’un œil doux et conciliant comme pour la première fois ;
    sentir confusément combien impersonnelle
    et s’abattant sans choix allait la douleur
    dont l’enfance était jusqu’aux bords remplie – :
    et partir tout de même, arrachant la main à la main
    comme si on rouvrait une plaie déjà guérie
    et aller plus loin : mais où ? vers l’inconnu,
    profondément dans un pays étranger et chaud,
    qui derrière tous nos affairements démêlés
    se tiendra indifférent comme un décor : jardin ou mur ;
    et continuer : mû par quoi ? par nécessité ou tempérament,
    par impatience ou attente obscure,
    par impossibilité de comprendre ou sottise :

     

    Prendre tout cela sur soi et en vain,
    laisser tomber des choses que peut-être on tenait
    pour mourir tout seul et sans savoir pourquoi – :

     

    Est-ce là l’entrée d’une vie nouvelle ?

     

    R.M.Rilke

     

     

    Le départ du fils prodigue

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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