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    Après s’être noyée, comme elle descendait,
    En allant des ruisseaux dans les grandes rivières,
    Alors l’azur du ciel apparut très étrange
    Comme s’il lui fallait apaiser le cadavre.

     

    2
    Sur elle s’accrochaient les algues, les fucus,
    Si bien que lentement elle devint plus lourde.
    Les poissons passaient froids sur sa jambe. Les plantes
    Et les bêtes gênaient son tout dernier voyage.

     

    3
    Le ciel était le soir comme fait de fumée
    Et tenait la lumière en suspension, la nuit,
    Grâce aux étoiles, mais très tôt il était clair,
    Afin qu’elle ait encor du matin et du soir.

     

    4
    Lorsque dans l’eau son corps fut tout à fait pourri,
    Il arriva que Dieu peu à peu l’oublia :
    Son visage, ses mains, pour finir ses cheveux.
    Lors elle fut charogne entre tant de charognes.

     

    B.Brecht

     

     

    La fille noyée

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


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    Qui trouve au bord du dénuement
    sur les remparts de sa faim
    une larme discrète
    l’amère saveur du chaos
    qui du fond de sa solitude
    tire un visage attentif
    une fontaine coutumière
    et parle sans souci de ses propres embûches
    celui-là sait que Dieu s’installe dans le corps
    pour une éternité première
    et rien ne peut plus le distraire
    de cette voix qui s’est tue
    au centre de l’épi.

     

     

    J.Sénac

     

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    Je voudrais pénétrer dans les profonds reflets,
    pénétrer dans la lumière de ces grands miroirs
    que la mer forme dans les sables de ses rivages,
    et de leurs profondeurs horizontales, loin,
    mourir, vivre à peine.

     

     

    S.Ocampo

     

    Sur le sable

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


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