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Saint Antoine : entretien de Saint Antoine avec la femme,
d'une rive à l'autre de la rivière. l'eau coule paisible, lente et profonde.
Elle commence à lui parler très fort, à cause de la distance; puis elle
répète ce qu'il dit, tout doucement. Les voix font un long écho sur l'eau.
Elle veut un enfant de lui, il lui explique que c'est impossible, elle dit que
c'est nécessaire. L'idée de peupler la terre d'hommes enfantés par des saints.
Il rit. Et tente de distinguer son visage, mais elle est trop loin, on ne voit pas
bien. "La Fin ": le songe de Saint Antoine avec la venue de la femme, leur amour,
l'aube qui pointe. Il pleure.
A.Tarkovski, Journal
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Lorsque je me lèverai
du tourbillon de la promiscuité
en une sphère limpide émerveillée
lorsque ma pesanteur me sera devenue légère
Accorde-moi Seigneur le naufrage
au premier cri de cette jeune journée.
G.Ungaretti
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Quitter à présent toutes ces choses confuses
tout ce que nous possédons et qui pourtant ne nous appartient pas,
ce qui telle l’eau des vieilles fontaines
nous reflète en tremblant et décompose notre image ;
toutes ces choses qui telles des plantes armées d’épines
s’accrochent à nous une dernière fois, – ne pas s’arrêter,
et ceci et celui-là
que l’on ne voyait plus
(tant ils étaient quotidiens et ordinaires)
les regarder tout à coup en face et de près ;
d’un œil doux et conciliant comme pour la première fois ;
sentir confusément combien impersonnelle
et s’abattant sans choix allait la douleur
dont l’enfance était jusqu’aux bords remplie – :
et partir tout de même, arrachant la main à la main
comme si on rouvrait une plaie déjà guérie
et aller plus loin : mais où ? vers l’inconnu,
profondément dans un pays étranger et chaud,
qui derrière tous nos affairements démêlés
se tiendra indifférent comme un décor : jardin ou mur ;
et continuer : mû par quoi ? par nécessité ou tempérament,
par impatience ou attente obscure,
par impossibilité de comprendre ou sottise :Prendre tout cela sur soi et en vain,
laisser tomber des choses que peut-être on tenait
pour mourir tout seul et sans savoir pourquoi – :Est-ce là l’entrée d’une vie nouvelle ?
R.M.Rilke
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L'été a tout brûlé.
Mais que revienne un doigt d'ombre,
Le coquelicot retrouve son sang,
Et la voix qui s'égrène de la lune
Propage les roseaux.
Meurent la peur et la pitié.
G.Ungaretti
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L'homme, monotone monde,
Croit agrandir son empire
Et de ses fiévreuses mains
Ne sortent jamais que des bornes.
Suspendu sur le vide
A un fil d'araignée,
Il ne craint et ne séduit
Jamais que son propre cri.
Il répare la ruine en dressant des tombeaux,
Et pour te penser, Éternel,
Il n' a rien que blasphèmes.
G.Ungaretti
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